Championnats d’Europe 25m 2017
- 13-17 décembre, 2017
- Copenhague, Danemark
- 25m
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Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.
INVASION RUSSE A COPENHAGUE : KLIMENT KOLESNIKOV ET ALEXANDR KRASNYKH DONNENT DU ROULEAU COMPRESSEUR
Kliment Kolesnikov, 17 ans et demi, joue les vedettes aux championnats d’Europe en petit bassin de Copenhague. Avant-hier, il a dominé à la suite d’un duel de chaque instant le tenant du titre européen, le Polonais Radoslaw Kawecki sur 200 dos. Il a établi à l’occasion un nouveau record du monde junior en petit bassin avec 1’48s02 en battant également le record des championnats, détenu par Kawecki, 1’48s33 il y a deux ans.
Le Russe apparait comme le jeune talent d’avenir de la discipline. A Copenhague, autant sur 50 que sur 100 ou 200, il a toujours trouvé la ressource pour s’imposer, autant dire que sa palette est assez étendue pour lui permettre de s’imposer dans le sprint pur et la distance moyenne.
Sur 200, c’est sa capacité à ré appuyer, après 150 ou 175 mètres d’un train soutenu, à finir fort en étant au bord de l’épuisement, qui a marqué les spectateurs.
Comme disait Mark Spitz (je cite de mémoire), ce n’est pas le début de la course, mais la fin qui donne la victoire. Les grands nageurs sont bien souvent de grands finisseurs, et, je crois, sur toutes les distances de 200 mètres et plus, ils le sont toujours.
Les temps de passage des deux premiers donnent une idée de l’intensité de l’explication et des intentions des deux jeunes gens. Pour Kolesnikov, 25s38, 52s83 (27s45), 1’20s70 (27s87), 1’48s02 (27s32) ; pour Kawecki, 25s18, 52s33 (27s25), 1’20s27 (27s94), 1’48s46 (28s19).
Clairement, Kawecki a essayé, après cinquante mètre, de prendre l’ascendant sur son jeune rival, à qui il mène la vie dure pendant tout le temps central de l’épreuve, avant de céder, en étant incapable de maintenir son effort jusqu’au bout. Kolesnikov, lui, maintient son rythme jusqu’au bout. Il donne l’impression de passer la vitesse supérieure, mais c’est une illusion, c’est Kawecki qui n’en peut plus, et se fait d’ailleurs reprendre une coudée par le redoutable Litunanien Danas Rapsys, 27s87 pour finir en 1’49s06.
Les performances de Kolesnikov au Royal Arena de la capitale danoise sont un baume au cœur des Russes, dont le sport, ces dernières années, ne donne plus de nouvelles qu’entachées de dopage. On aimerait que la nouvelle école oublie les méthodes frauduleuses à l’honneur dans l’empire soviétique, dont le mantra préféré semblait être : « niet Dianabol, niet resultat » (pas de stéroïdes, pas de performances)…
Il faut tenter de mesurer à d’autres critères les exploits de Kolesnikov. Au plan chronométrique, son record du monde junior du 200 dos se situe à trois secondes du senior, il y a donc une certaine marge. Kliment détient par ailleurs le record mondial junior en grand bassin avec 1’55s14, et c’est une performance qu’il a réalisée aux mondiaux de Budapest, où il a fini 4e, devancé par son compatriote Evgueny Rylov, 21 ans et 1’53s61, et les Américains Ryan Murphy, 1’54s21 et Jacob Pebley, 1’55s06… Les performances en dos, particulièrement en petit bassin, sont considérablement « dopées » par l’évolution des virages (c’est pour cette raison que la vitesse de nage du dos est inférieure à celle du papillon, mais les records y sont meilleurs) ce qui fait qu’il est difficile d’établir de quels progrès témoigne son passage de 1’55s14 en grand bassin à 1’48s02 en petit bain… Jusqu’à preuve du contraire, le meilleur nageur de dos russe et mondial reste Rylov.
Kolesnikov a nagé aussi à Copenhague, cette première journée du 13, un rapide 50 mètres libre (21s24) au départ d’un relais quatre fois 50 russe, temps total 1.23s32, vainqueur, avec Vladimir Morozov, Sergei Fesikov and Mikhail Vekovishchev, tous sous les 21s lancés. Les Italiens Luca Dotto, Lorenzo Zazzeri, Alessandro Miressi et Marco Orsi prenaient l’argent, en 1.23s67, les Polonais Pawel Juraszek, Filip Wypych, Jakub Ksiazek and Konrad Czerniak le bronze en 1.24s44.
Kolesnikov fut presque un bébé nageur, puisqu’il fut emmené à la piscine à l’âge de trois ans par son propre père, qui avait nagé en son temps. Il fut formé jusqu’à l’âge de six ans en école de natation par Tatyana Evguenievna Tjugaeva, puis passa pendant dix-huit mois entre les mains d’Alekseï Akatev, qui est devenu un coach en chef de l’eau libre russe. C’est alors que son père le confia à Dmitry Gennadievich Lazarev, qui le suit depuis dix ans et en formateur avéré s’efforce de responsabiliser ses nageurs. Je n’ai pas trouvé sa taille, mais il est très grand, longiligne…
DERRIERE UNE DAME DE FER EN OR, DEUX FRANÇAISES EN ARGENT ET EN BRONZE
Les Russes pouvaient pavoiser, car outre Kolesnikov, ils plaçaient en haut d’un podium Aleksandr Krasnykh sur 400 libre. Krasnykh, à 22 ans et demi, apparut sur les podiums internationaux en 2014, quand il compléta le relais russe quatre fois 200 mètres argenté à Berlin. Après une année blanche en 2015 (absent des mondiaux de Kazan, en Russie) il se retrouva pleinement l’année de Rio. Il a effleuré ici son record personnel en petit bassin (p.b.), 3’35s30, établi l’an dernier aux mondiaux dans les basques du Coréen Park Tae-hwan, 3’34s59.
Il devance Peter Bernek, Hongrie, 3.37s14, et Henrik Christiansen, Norvège, 3.38s63.
Deux Françaises sont montées sur le podium du 400 quatre nages dames, ce qui en étonnera plus d’un. Katinka Hosszu l’emporta en 4’24s78, un temps éloigné de ses exploits sur la distance et plus encore du record du monde de l’Espagnole Mireia Belmonte, absente. Ceux qui savent compter nous assurent qu’il s’agit de son onzième titre continental dans l’épreuve en petit bassin, preuve que la fille est assidue. Privée de la présence de l’élève de Fred Vergnoux, l’iron maiden magyare n’eut aucune adversaire à son niveau. Lara Grangeon enleva l’argent dans le temps de 4’28s77, laissant Fantine Lesaffre à une longueur, mais parfaitement bronzée en 4.30s68. Aux France, douze jours plus tôt à Montpellier, Fantine avait devancé Lara, 4’32s34 contre 4’34s90.
Ruta Meilutyte, 29s36 au 50 brasse, devança la Finlandaise Jenna Laukkanen, 29s54 et Sophie Hansson, Suède, 29s77. L’Italien Fabio Scozzoli 25s62 sur la même course, devançait Kirill Prigoda, Russie, 25s68, et Adam Peaty, 25s70.