Championnats du monde de natation en petit bassin de la FINA
- Mardi 11 décembre – Dimanche 16 décembre
- Hangzhou, Chine
- 25m
- Liste des engagés
- Liste par épreuve
- Programme
- Séries : 9h30 heure locale, 2h30 heure française / Demi-finales et finales : 19h00 heure local, 12h00 heure française
- FINA TV en direct (toutes les sessions)
- Résultats Omega
Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.
Jeudi 13 Décembre 2018
SUR 200 METRES, ENTRE LA VITESSE DE PIERONI ET L’ENDURANCE DE RAPSYS, LA DIFFÉRENCE S’EST FAITE D’ENTRÉE, MÊME SI A L’ARRIVÉE, IL N’Y AVAIT PLUS GRAND’ CHOSE
MESSIEURS. 200 mètres : 1. Blake PIERONI, USA, 1’41s49 (23s11, 48s47, 1’14s75, 1’41s49 – 23s11,25s36, 26s28, 26s74) 2. Danas RAPSYS, Lituanie, 1’41s78 (23s73, 49s53, 1’15s82, 1’41s78 – 23s73, 25s80, 26s29, 25s96); 3. Alexander GRAHAM, Australie, 1’42s28 (23s89, 49s69, 1’15s96, 1’42s28 – 23s89, 25s80, 26s27, 26s32); 4. JI Xinjie Chine, 1’42s31 (24s02, 50s04, 1’16s49, 1’42s31 – 24s02, 26s02, 26s45, 25s82; 5. Breno CORREIA, Brésil, 1’42s36 (23s40, 49s15, 1’15s53, 1’42s36 – 23s40, 25s75, 26s38 26s83; 6. Martin MALYUTIN, Russie, 1’42s46 (23s56, 49s38, 1’16s05, 1’42s46 (23s56, 25s82, 26s67, 26s41); 7. Mikhail VEKOVISHCHEV, Russie, 1’42s67 (23s65, 49s95, 1’16s72, 1’42s67 – 23s65, 26s30, 26s77, 25s95); 8. Altamir Luiz MELO, Brésil, 1’42s72 (23s12, 49s10, 1’15s67, 1’42s72 – 23s12, 25s98, 26s57, 27s05).
En séries, Alexander GRAHAM, 1’41s83; Luiz MELO, 1’42s13; 9. Filippo MELI, Italie, 1’43s16; 10. Chad LE CLOS, Afrique du Sud, 1’43s19 ; 11. Velimir SJEPANOVIC, Serbie, 1’43s40 ; 12. Dylan CARTER, Trinidad-Tobago, 1’43s74 ; 13. Miguel NASCIMENTO, Portugal, 1’43s76 ; 14. Jack GERRARD, Australie, 1’44s60 ; 15. Jan SWITKOWSKI, Pologne, 1’44s62 ; 16. Markus LIE, Norvège, 1’44s88 ; 17. Matteo CIAMPI, 1’44s89.
Le 200 mètres nage libre messieurs des championnats du monde en petit bassin d’Hangzhou, avant d’être une course, c’est une hypothèse d’école. Une telle conjoncture, je ne dirai pas que je l’ai vue cent fois. Mais je l’ai imaginée mille fois.
A ma gauche, Blake PIERONI, champion des Etats-Unis, héros des grandes courses universitaires, moitié sprinteur, moitié stayer, appelons le si vous le voulez bien sprinteur prolongé ; nageur de 100-200 comme il en est quelques-uns. Mais pas n’importe lequel. De grande race, s’il vous plait ! En nage libre, Michael PHELPS était un peu comme ça, avec le génie en plus ; disons qu’il faut dix ans pour sortir un PHELPS, mais qu’il doit apparaitre un PIERONI tous les ans (pas mal quand même) ; VAN DEN HOOGENBAND aussi, entrait dans la catégorie.
PIERONI n’a aucune chance contre un Caeleb DRESSEL, un Benjamin PROUD sur 50 mètres. Mais sur 100, il présente quelques arguments. Comme sur 200 il peut battre n’importe qui au monde alors que sur 400, RAPSYS ou SUN Yang n’en feraient qu’une bouchée. Il n’est pas sûr, en effet, qu’il serait bon sur 201 mètres, si vous voyez ce que je veux dire !
PIERONI s’est fait les dents sur les NCAA où sa rivalité avec Townley HAAS a fait causer. Lui-même, Blake est devenu le premier à nager un 200 yards en moins de 1’30s (1’29s63) deux jours avant qu’HAAS n’efface ce temps.
A ma droite, Danas RAPSYS est dans une toute autre dimension. C’est un Lituanien, il est né à Panevezys, est entraîné par Ina Simeliunate au club de Panevezys Zemina. Ça ne vous dit rien ? A moi non plus, mais c’est beau à entendre !
Jusqu’ici, natation parlant, la Lituanie, c’était le pays de Ruta MEILUTYTE, qui avait d’ailleurs été formée en Angleterre. Et c’est wikipedia qui me souffle d’autres noms comme Robertas ZHOULPA (champion olympique, qui nageait pour l’URSS), BILIS, MAZUOLIS, TITENIS, qui ne jouaient pas au tennis. Pas mal en effet…
Physiquement, rien ne le distingue, RAPSYS, son 1,86m ne permet pas de dire qu’il est grand, dans le monde des nageurs d’aujourd’hui, et ses 73kg n’impressionneront personne. Et surtout pas PIERONI, bâti comme un cuirassé, 86kg pour 1,88m. RAPSYS, ça serait plutôt un destroyer léger. Mais redoutable dans la durée… Pour compléter son apparence, disons qu’il a de faux airs d’un Brad PITT coiffé huron et échappé de Fight Club.
Le 200 mètres, donc, apparait comme la distance carrefour de ces deux garçons. Dans le passé, le 200 mètres était d’ailleurs LA distance carrefour de la natation, celle où sprinteurs et stayers venaient s’affronter [et éventuellement se casser les dents, parce que, point de vue distance, on ne sait comment l’appréhender, et on y part facilement trop vite de crainte de partir trop lentement].
Maintenant, la voie de la natation est encombrée, et le 100 est devenu le carrefour des sprinteurs et des nageurs de 200 mètres, le 400 est un carrefour entre ceux du 200 et ceux du 1500, et si vous ajoutez le 800 mètres que les boulimiques de la FINA ont fini par faire passer dans le programme olympique, la situation est plus complexe.
La notion de carrefour s’est généralisée, et ce ne sont pas les tenants des filières énergétiques qui vont me contredire ! Hier, à Hangzhou, très clairement il s’est agi d’une carrefour dangereux!
RAPSYS a dû laisser filer l’Américain, formidable partant et vireur de classe, qui ne s’est pas privé de lui coller un mètre aux premiers 50, un autre mètre une fois atteint le virage des 100, puis de ne rien concéder avant d’aborder le dernier quart de course avec une longueur de corps. Après ça, PIERONI s’est payé un proverbial coup de moins bien et pendant qu’il mettait à faseyer comme la toile déréglée d’un voilier qui ne trouve pas le vent, RAPSYS, qui, soutenu par son fantastique battement, rattrape nettement, de rappliquer comme s’il avait le diable à ses trousses.
Non seulement il rattrape, RAPSYS, mais il rattrape PIERONI, qui l’emportera d’une coudée, privant le Lituanien d’un beau doublé 200-400 mètres.
C’est quoi la fable? Le lièvre et la tortue?